Lucienne Boyer

 


Si le nom de Lucienne Boyer évoque peu de choses aux jeunes générations, les titres de ses plus grands succès sont quant à eux passés à la postérité: Parlez-moi d’amour, Les prénoms effacés, La lettre à Nini, Un amour comme le nôtre, C’est à Robinson, …


Artiste de renommée internationale dans les années 1930, cette chanteuse fut l’égale de Piaf, de Damia ou de Fréhel, et appartient au patrimoine de la chanson française. Patrick Bruel, symbole de la chanson française moderne, lui rendra hommage en reprenant récemment deux de ses titres sur son album Entre deux. Deux titres que la France entière reprendra en coeur, soixante-dix ans après leur création…


Montparnasse

Lorsqu’Émilienne-Henriette Boyer naît le 18 août 1901 à Paris, la chanson est encore balbutiante, entre caf’conc’ et music-hall. Émilienne grandit dans le quartier Montparnasse, entouré d’un père plombier et d’une mère modiste.

Très jeune, elle est remarquée pour sa beauté et la qualité de sa voix. Mais la « Grande Guerre » éclate, et emporte son père, mort au champ d’honneur. Pour la jeune fille, il faut désormais survivre, en travaillant dans les usines d’armement ou avec sa mère.

Du métier de modiste au mannequinât, il n’y a qu’un petit pas qu’Émilienne franchit rapidement à la fin de la guerre. Elle devient également modèle et pose pour les peintres Foujita et Modigliani.

                                                                                           Au Concert Mayol


A seulement seize ans, la scène l’attire, tout d’abord au théâtre, puis dans la chanson. Elle se produit sur de nombreuses scènes parisiennes, notamment à l’Eldorado et Chez Fyscher où Georges Van Parys l’accompagne au piano. C’est au Concert Mayol, célèbre cabaret parisien, que le producteur américain Lee Schubert la découvre et l’engage pour une tournée à Broadway, tournée qui durera neuf mois !

Désormais prénommée Lucienne Boyer et de retour en France, la jeune femme devient rapidement une « star ». Elle se produit dans de nombreux établissements et sa fortune naissante lui permet d’ouvrir son propre cabaret, Les Borgias à la fin des années 20.

 

Le cinéma américain lui fait les yeux doux mais elle préfère, avec raison, se consacrer à la chanson. Durant les années 30, sa renommée ne cessera de croître, guidée par de nombreux succès: Les prénoms effacés (que chantera Brassens), Un amour comme le nôtre, C’est à Robinson, Le coup dur, Parlez-moi d’autre chose, …

Mais son immense talent prend réellement son envol à l’enregistrement, en 1930, de Parlez-moi d’amour, une chanson signée Jean Lenoir. Ce tube franchit les frontières et le temps, et reste aujourd’hui encore, une des chansons les plus populaires de notre patrimoine musical. Pour cette chanson, elle reçoit le tout nouveau Grand Prix du disque, et part en tournée dans le monde entier.


 

Jacqueline Boyer

En 1939, elle épouse le chanteur et auteur-compositeur Jacques Pills, déjà célèbre grâce au duo Pills et Tabet (avec Georges Tabet). Ensemble, les deux artistes auront une fille en avril 1941, qui deviendra la chanteuse Jacqueline Boyer, et remportera en 1960 le Grand Prix de l’Eurovision avec le titre Tom Pilibi.

Mais pour l’heure, le couple ne résiste pas au temps. Jacques et Lucienne divorcent, et Pills refait rapidement sa vie avec… Édith Piaf. Malgré son implication permanente dans la vie artistique des années 50 (en tant qu’artiste et en tant que gérante de cabarets), le succès de Lucienne Boyer ne survit pas à la déferlante rock des années 60. Sans jamais tomber dans l’oubli, elle se fait moins présente. On la retrouve parfois sur scène, accompagnée de sa fille Jacqueline comme à l’Olympia en 1976. Un amour comme le nôtre retrouve une seconde jeunesse dans les années soixante-dix, près de quarante ans après sa création.

La « Dame en bleu » s’éteint le 6 décembre 1983 à Paris. Durant sa longue et magnifique carrière, elle fut le symbole de la chanson française de l’entre-deux guerres. Ses succès restent sur toutes les lèvres et concurrencent encore les tubes de Trenet, Piaf ou Fréhel. Elle repose au Cimetière de Bagneux, près de Paris. 

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